Le coin des poètes
Connaître plantes et champignons pour les aimer, aimer leur richesse pour les protéger.
Association Mycologique et Botanique de l'Hérault et des Hauts Cantons
Rondel pour un chardon
Il est content de ses épines,
Le chardon, le long du chemin.
Il sera toujours là demain,
Ce n'est pas lui que tu piétines,
Sous la pierre, il a ses racines.
L'enfant dira qu'il est vilain.
Il est content de ses épines,
Le chardon, le long du chemin.
J'aime ses douceurs vipérines
Qui savent repousser ta main.
À l'approche d'un être humain
Pour protéger ses tiges fines,
Il est content de ses épines !
Douces fleurs
Le poète chante souvent
- Car il aime suivre les modes -
La nature, la mer, le vent,
Comme une histoire en épisodes.
Il adore parler de fleurs
Dans sa rengaine favorite ;
En se moquant de ses douleurs,
Il effeuille la marguerite.
Dans les prés tout neufs, au soleil,
Froissant les tiges d'émeraude,
Il vient rechercher le sommeil
Ou la rime qui marivaude.
C'est un hymne à leur majesté,
À leurs douleurs, à leur tendresse,
À leur fragile nudité
Devant l'automne et sa caresse.
Mais le poète ne sait pas
La douceur de leur violence,
La cruauté d'âpres combats
Dans le chaos de leur silence.
Il ne peut rien apercevoir
De leurs batailles éphémères...
Lorsque vient le temps des pouvoirs
Le fossé ressemble à nos guerres !
Poèmes de Mireille Deléage
AMBHHC
Arrière-saison
Soleil discret, brumes lascives
Bruyère mauve à l'horizon
Raisins de miel, vertes olives
Images d'arrière-saison.
Livres tout neufs dans un cartable
Vêtements chauds sous le blouson
Parapluie ou imperméable :
Contraintes d'arrière-saison.
Un au revoir à la fenêtre,
Quelques ombres sur la maison...
Votre amour survivra peut-être :
Tendresse d'arrière-saison.
De la grêle dans un orage :
L'été signe sa trahison ;
L'eau se venge, le ciel enrage :
Désastre d'arrière-saison.
Avions fous, tours fracassés
La mort distille son poison
Par de sanglantes odyssées :
Désespoir d'arrière-saison.
Le bal des orchidées
Au rendez-vous discret du bal des orchidées,
Ces messieurs avaient mis leurs plus vieux pantalons,
Leurs vestes de chasseur, des bottes démodées,
Puis accordé, bien sûr, l'air de leurs violons.
Il paraît que ce jour elles étaient si belles
Qu'il fallait à tout prix leur faire un brin de cour.
Dans leur corset de soie et leur jupe en dentelles,
Elles les attendaient pour leur parler d'amour.
Alors, ils ont marché dans l'argile boueuse
Et franchi les ronciers qui protégeaient leur bal.
Elles se balançaient, et la brise enjôleuse
Emportait en sifflant leur destin de cristal.
Ils se sont invités, cherchant une aventure
Avec ces frêles fleurs qui riaient de les voir
Caresser tendrement leur plus belle parure,
Comme des amoureux, charmés par leur pouvoir.
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